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cet avantage, le Négociant s’eſt livré avec confiance à des ſpéculations, il a fait aux Colons les avances de ſa fortune & ſouvent de celle d’autrui, il leur a ſacrifié ſon crédit, ſes reſſources, & aujourd’hui que la France ſe trouve créancière des Colonies pour plus de cinq cents millions, leurs habitans veulent qu’il leur ſoit permis de tirer les articles dont ils ont beſoin de l’Etranger, afin de ſe ſouſtraire à leurs créanciers primitifs, en faiſant paſſer au dehors & ſous le voile d’une prétendue néceſſité toutes les productions de leurs îles ; quelle ingratitude !…

Que l’auguſte Aſſemblée qui préſide & qui a déjà ſi heureuſement travaillé au bonheur de la Nation, veuille ne pas s’inquiéter des clameurs de Meſſieurs les Colons, & qu’elle daigne s’en rapporter aux Commerçans de France pour l’approviſionnement des Colonies : elles ont éprouvé quelquefois, il eſt vrai, des momens de diſette & de cherté, mais ils ont été courts, & il eſt inconcevable que des gens mal intentionnés aient oſé tromper un honorable Membre de l’Aſſemblée Nationale, lors de ſes Séances à Verſailles, au point de lui avoir fait avancer, par leurs infidèles inſtructions, qu’il falloit un barril de farine pour nourrir chaque Nègre.