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l’Anjou & du Poitou qui fourniſſent aux Colonies par Nantes, & les trois quarts du temps par Bordeaux ; ce Port ſi conſidérable, d’où ſe charge & ſe tranſporte tout l’excédent de belles productions de la Guyenne, du Languedoc, de la Caſcogne, du Médoc, du Quercy, de la Rouergue, de l’Armagnac, du Périgord, tous riches, Cantons ou Provinces dont les récoltes conſiſtant en vins ou en bleds abondans, ne trouvent de débouché que par ce commerce des Colonies : nous en dirons autant de Marſeille, pour toutes les productions de la Provence, du Dauphiné & du Rouſſillon ; du Port de Bayonne pour celles du Béarn & du pays de Lavour ; de la Rochelle pour l’Aunis & pour la Saintonge, de Dunkerque & du Havre pour la Flandre, la Normandie & les Cantons adjacens.

Voilà donc vingt provinces à peu près, où l’habitant malheureux des campagnes, les ouvriers de toutes les fabriques & les manufacturiers eux-mêmes, ne pourront payer l’impoſition qui ſera miſe ſur leurs terres, leurs atteliers ou leur induſtrie, s’ils ne peuvent en faire valoir les produits. Qui pourroit réſiſter à cette image de déſolation ?…

Meſſieurs les Créoles nous répèteront peut-être « quand vos récoltes, en France, ſeront