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comme ſur nos Manufactures, nos diverſes fabriques & ſur toutes les parties du Commerce intérieur de la France, ils oſent ſolliciter la permiſſion de recevoir, dans leurs Ports, les navires des Puiſſances Étrangères, qui, plus éclairées que nous ſur les véritables intérêts de leurs poſſeſſions coloniales & du commerce auſſi de leur Métropole, n’ont jamais ſouffert l’admiſſion d’aucun pavillon neutre dans leurs Ports du Nouveau Monde, & ont conſtamment apporté au contraire la plus grande rigueur à l’exécution des loix prohibitives qui les en excluent.

Eh ! que deviendroit la Marine royale, dont la France ne peut ſe paſſer ? Où puiſeroit-elle, en cas de guerre, des matelots dont la marine marchande eſt la pépinière & l’école, ſi les Armateurs du royaume, juſtement découragés par la concurrence déſaſtreuſe qu’ils auroient à ſoutenir avec les Étrangers, une fois que ceux-ci ſeroient admis dans nos Colonies, ils ſe voyoient réduits comme ils le ſeroient néceſſairement à abandonner tout commerce avec l’Amérique ? J’oſe aſſurer qu’en peu de temps la France n’auroit pas dix mille matelots qui, en cas de guerre, pourroient ſuffire à peine à la cinquième partie des forces navales qu’elle s’eſt vues ; que diroient auſſi nos Puiſſances voiſines en nous voyant né-