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lement décharger leur cargaiſon dans un autre port que celui où ils ont pris leur expédition. On doit juger par-là ſi ce Commerce interlope ne porte pas un coup mortel à celui de la France, & s’il n’eſt pas bien ſurprenant que MM. les Colons en feſant ce commerce prohibé, prétendent encore que pendant la guerre & lorſque leurs côtes ſeront menacées par l’ennemi, nous allions expoſer nos biens & nos vies pour les défendre.

Je me ſouviendrai toujours de ce jour mémorable où la Nation aſſemblée dans la ſalle du jeu de Paume, prouva au Deſpotiſme combien elle connoiſſoit ſes forces. Ce fut dans ce beau moment où la Députation de Saint-Domingue ſe préſenta pour être admiſe auprès de cet Auguſte Sénat ; M. de Gouy d’Arcy porta la parole à-peu-près dans ces termes : « Meſſieurs, nous nous ſommes donnés bien jeunes à Louis XIV, nous avons fondé depuis une Colonie bien puiſſante, nous la donnons à la Nation & nous profitons avec ardeur de ce premier moment pour vous offrir l’hommage de notre reſpect & de notre reconnoiſſance, &c. ». Après une pareille déclaration & les proteſtations d’un auſſi noble dévouement, on ne devoit pas s’attendre à voir ſitôt MM. les Co-