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Tout le monde ſait qu’on ne nourrit les Nègres en Amérique qu’avec les vivres du pays, tels que la caſſabre, les ignames, bananes, pommes de terre, farine de magnoc, mahi, bled d’Eſpagne, pois, &c. & que ce n’eſt que dans les très-grandes ſéchereſſes, que l’habitant ſucrier achète quelquefois de vieilles farines pour faire du biſcuit pour ſes Nègres, auxquels il en fait diſtribuer deux ou trois fois par ſemaine.

Voici un fait de la connoiſſance de tous ceux qui ont habité quelque temps l’Amérique, qui doit tranquiliſer à jamais les dignes Arbitres de la Nation Françoiſe ſur le ſort des habitans de ce beau pays, le plus riche & le plus fécond de tous les coins de la terre, tant par la nature de ſes produits que par celle de ſa poſition qui lui a donné pour voiſins les Anglo-Américains. Ces derniers ont formé pour Saint-Domingue un Entrepôt aux îles Turques ; cela n’empêche pas que la Martinique, la Guadeloupe, Sainte Lucie & Marie-Galante, n’en ayent auſſi pour elles à Saint Euſtache, à Saint Barthélémy & à Saint Thomas, dont leur intelligence leur fait tirer le plus heureux parti.

Ces îles Turques ſont à vingt lieues du Cap François : elles appartiennent aux Anglois ;