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il resta en repos dans le dessein de combattre le lendemain, parce que c’était le jour du sabbat, que les Juifs passent dans l’inaction.

355 Mais Anilaios en fut informé par un étranger syrien d’un autre village qui lui dit exactement, entre autres choses, où Mithridate allait souper. Anilaios prit donc son repas à temps et s’élança la nuit pour tomber sur les Parthes, sans qu’ils se doutassent de ses mouvements. 356 Aux environs de la quatrième relève[1] des sentinelles il tomba sur eux, tua les uns encore couchés et mit les autres en fuite. Quant à Mithridate, qu’il avait capturé vivant, il l’emmena chez lui après l’avoir placé tout nu sur un âne, ce qui est regardé chez les Parthes comme le plus grand des outrages.

357 Comme il l’avait conduit dans une forêt en l’insultant[2] ainsi et que ses amis l’exhortaient à se débarrasser de lui, Anilaios s’empressa de les reprendre et de les contredire. Il n’y aurait pas lieu de tuer un homme qui était, parmi les Parthes, un des premiers par la naissance et que son alliance avec la famille royale avait encore honoré davantage. 358 Ce qu’on lui avait fait était supportable et, bien que Mithridate eût été fort outragé, comme il avait la vie sauve, il garderait de la reconnaissance aux auteurs de ce bienfait ; 359 si, au contraire, il subissait l’irréparable, le roi ne serait pas tranquille avant d’avoir fait un grand massacre des Juifs de Babylone ; il valait mieux qu’il les épargnât, parce que c’étaient leurs frères de race et qu’eux-mêmes n’auraient plus de ressource en cas d’échec, tandis que maintenant ils utilisaient la plupart de leurs jeunes gens. Après avoir pensé à cela, l’avoir exposé dans l’assemblée et l’avoir convaincue, il mit en liberté Mithridate. Mais, à son retour, celui-ci fut chargé de reproches par sa femme : 361 gendre du roi, il ne se hâtait pas de la venger et de se venger, mais acceptait d’avoir été ainsi outragé, en se contentant d’une vie qu’il avait obtenue d’un Juif dont il avait été le captif. « Maintenant, dit-elle, retrouve vite ton courage, ou je jure par les dieux royaux que je romprai mon union conjugale avec toi. » 362 Mithridate,

  1. La quatrième relève ou veille (vigilia) désigne la fin de la nuit.
  2. ὑβρίσματος Naber ὁρίσματος vulg.