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assis avec ses compagnons et ils avaient leurs armes sous la main.

« Camarades, dit-il, j’ai entendu hennir des chevaux et non des chevaux qui paissent, mais de ceux qui portent des cavaliers sur leur dos, car je crois entendre aussi quelque bruit de mors. Je crains que les ennemis ne nous entourent à notre insu. Mais que quelqu’un s’en aille en éclaireur pour nous renseigner clairement sur ce qui nous menace, et puissé-je me tromper ! » 321 Cela dit, quelques hommes allèrent observer ce qui se passait et revinrent en hâte.

« Tu ne t’es pas trompé, dirent-ils, et tu as exactement deviné ce que font les ennemis : ils ne sont plus disposés à supporter que nous commettions des violences. 322 Nous avons été environnés d’un piège comme du bétail, et quand cette immense masse de cavalerie s’élance sur nous, nous ne pouvons pas nous servir de nos bras, car le respect des lois de nos ancêtres nous réduit à l’inaction. »

323 Asinaios ne devait pas régler sa conduite sur l’opinion de son éclaireur ; il crut plus juste, au lieu de mourir dans l’inaction et de réjouir ainsi ses ennemis, d’avoir recours à la force et de mourir, s’il le fallait, en se vengeant de la nécessité où l’on était de violer la loi. Lui-même prit les armes et inspira à ses compagnons un courage égal au sien. 324 Ils marchent donc à l’ennemi et, en ayant tué beaucoup, parce qu’ils s’avançaient avec dédain comme vers une victoire toute prête, ils mettent le reste en fuite.

325 3. Quand la nouvelle de ce combat arriva au roi des Parthes, étonné de l’audace des frères, il désira les voir et leur parler. Il leur envoya donc le plus fidèle de ses gardes du corps pour leur dire : « Le roi Artabane, bien que victime de votre injustice, puisque vous avez attenté à son autorité, réfléchit moins à sa colère qu’à votre courage et il m’a envoyé vous donner l’assurance de sa foi ; il vous accorde la sûreté et l’inviolabilité pendant votre voyage et il désire que vous vous rendiez chez lui en amis, sans ruse et sans tromperie. Il promet de vous donner des présents et de vous élever à des honneurs qui, joints à votre valeur, pourront être utiles à sa puissance. » 327 Asinaios refusa pour sa part d’aller trouver le roi et envoya son frère Anilaios avec les dons qu’il pouvait fournir. Celui-ci partit et fut introduit auprès du roi.