Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— mais croyait la chose très importante ce qu’elle était en effet, il avait décidé de risquer le coup. 299 Or, Caius était à la fois séduit par la déférence d’Agrippa et porté à regarder comme honteux de faillir, devant de si nombreux témoins, en se repentant si vite de ses promesses, à une demande qu’il avait forcé Agrippa à formuler ; 300 il admirait aussi la vertu d’Agrippa qui, négligeant d’augmenter son pouvoir personnel par des revenus ou d’autres moyens d’action, s’occupait à satisfaire son peuple par respect pour ses lois et son Dieu. Il acquiesça donc et écrivit à Petronius, le louant et d’avoir rassemblé l’armée et de l’avoir consulté par lettre au sujet des Juifs. 301 « Maintenant donc, si tu as devancé cette lettre en me dédiant la statue, laisse-la debout ; mais si tu n’as pas encore fait la dédicace, ne te tourmente pas davantage à ce sujet, renvoie ton armée et reprends ta charge primitive ; car je ne désire plus qu’une statue me soit dédiée, voulant accorder ma faveur à Agrippa que j’estime trop pour résister à sa demande et à ses prières ». 302 Caius avait écrit cela à Petronius avant d’être averti que celui-ci soupçonnait les Juifs de préparer un soulèvement, parce que leurs dispositions indiquaient qu’ils étaient résolus à menacer de faire la guerre aux Romains. 303 Aussi, très offensé de ce qu’ils eussent osé braver sa puissance, comme il ne reculait jamais devant le mal, ne se distinguait jamais par la vertu, se laissait plus que tout autre emporter par la colère quand bon lui semblait sans y apporter aucune modération et se plaisait à mettre son bonheur à la satisfaire, il écrivit à Petronius : 304 « Puisque tu as préféré tous les dons que les Juifs t’ont faits à mes instructions et que tu as eu l’audace de te mettre à leur service pour leur plaire en transgressant mes ordres, je t’ordonne de juger toi-même ce que tu dois faire, t’étant exposé à ma colère, puisque je suis disposé à faire de toi un exemple enseignant à tous les hommes de maintenant et à toute la postérité qu’il ne faut jamais négliger les ordres de l’empereur. »

305 9. Telle fut la lettre qu’il écrivit à Petronius. Mais elle ne lui arriva pas avant que l’empereur eût quitté la vie, parce que la traversée du message fut si retardée que Petronius reçut avant