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dant le souper, quand Agrippa porta sa santé : 292 « Agrippa, je savais déjà quelle déférence tu as pour moi et le grand dévouement que tu m’as témoigné, malgré les dangers que tu courus du fait de Tibère à cause de cela ; maintenant encore, tu ne négliges rien pour te conduire honnêtement envers moi, en excédant même tes ressources. Aussi, comme je juge déshonorant de t’être inférieur en zèle, je veux compenser toute mon infériorité antérieure. 293 C’est bien peu de chose que tous les dons que je t’ai déjà faits ; aussi, tout ce qui pourrait contribuer à le rendre heureux te sera fourni par ma bonne volonté et ma puissance ».

294 En parlant ainsi, il pensait qu’Agrippa lui demanderait beaucoup de terres ou les revenus de certaines villes. Mais bien qu’ayant sa requête toute prête, Agrippa ne dévoilait pas sa pensée ; il répondit sur le champ à Caius que ce n’était pas auparavant dans l’espoir d’un gain qu’il l’avait servi contre l’ordre de Tibère, et que maintenant non plus il n’agissait pas pour un profit et un avantage particuliers. 295 Les présents précédents étaient grands et avaient dépassé ses plus audacieuses espérances. « Et même s’ils ont été inférieurs à ta puissance, dit-il, tes dons dépassent du moins mon attente et mon mérite ». 296 Caius, frappé d’admiration pour sa vertu, n’en persista que davantage à lui demander quel présent lui serait agréable à recevoir. Et Agrippa : « Maître, dit-il, puisque ta bienveillance me juge digne de tes présents, je ne te demanderai rien de ce qui touche à la richesse parce que j’y excelle déjà grandement grâce à ce que tu m’as donné, 297 mais quelque chose qui t’attirerait la gloire d’être pieux et te concilierait l’aide divine pour ce que tu voudrais et me vaudrait chez ceux qui l’apprendraient la gloire d’avoir su que j’obtiendrais de ta puissance tout ce que j’aurais désiré. Je te demande donc de ne plus songer à te faire consacrer la statue que tu ordonnes à Petronius de t’ériger dans le Temple des Juifs ».

298 8.[1] Bien qu’Agrippa jugeât cette demande périlleuse — car si Caius se ne laissait pas persuader, le résultat certain était sa mort

  1. Sections 8-9 = Guerres, II, 203.