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présence[1] et son concours. En effet, dès qu’il eut terminé le discours qu’il tint aux Juifs, Dieu fit tomber aussitôt une grande pluie contre l’attente des hommes, car cette journée avait été sereine depuis l’aurore, le ciel ne donnait pas le moindre signe d’ondée et pendant toute l’année la grande sécheresse qui régnait avait fait désespérer de voir tomber l’eau du ciel même lorsqu’on apercevait parfois des nuages. 286 Aussi, quand se produisit cette averse abondante, inaccoutumée et inattendue, les Juifs eurent l’espoir que Petronius n’échouerait pas dans sa requête en leur faveur, et Petronius fut très frappé en voyant clairement que Dieu s’intéressait aux Juifs et dévoilait si manifestement sa présence que même ceux qui auraient été réellement résolus à s’opposer à lui ne pouvaient dire le contraire. 287 Petronius écrivit, entre autres choses propres à convaincre Caius et à le détourner de pousser tant de milliers d’hommes au désespoir, que, s’il les tuait — car ce ne serait pas sans une guerre qu’ils renonceraient à leur foi religieuse — il se priverait du revenu qu’ils lui versaient et remporterait comme trophée des malédictions pour tout l’avenir ; 283 que d’ailleurs la divinité qui régnait sur les Juifs avait montré sa puissance d’une façon certaine et ne laissait aucun doute sur la manifestation de son pouvoir. Voilà où en était Petronius.

289 7. Le roi Agrippa, qui séjournait à ce moment-là à Rome, s’avançait beaucoup dans les bonnes grâces de Caius. Un jour il lui offrit un festin et voulut surpasser tout le monde par le luxe du repas et les mesures prises pour le plaisir des convives, si bien que non seulement un autre, mais Caius lui-même ne pût songer à l’égaler, encore moins à le surpasser, tant il l’emportait sur tout le monde par ses apprêts et par son désir de tout offrir à l’empereur. 290 Caius admira ses dispositions et sa magnificence, car il s’était imposé de gagner sa faveur par le déploiement d’une abondance qui allait jusqu’au-delà de ses moyens. 291 Caius voulut donc rivaliser avec la générosité qu’Agrippa avait montrée pour lui faire plaisir. Excité par le vin et l’esprit tourné vers la joie, il dit pen-

  1. παρούσιαν E ; παρρησίαν cett. codd.