Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

honneurs après avoir courtisé ta richesse ; ne reconnais pas que sa pauvreté puisse avoir eu plus de vertu que notre opulence, et considère comme honteux d’être surpassé par ceux qui, hier et naguère, n’ont pu vivre que grâce à ta pitié. 244 Allons donc à Rome sans épargner notre peine, notre argent et notre or, car il ne vaut pas mieux les garder que de les dépenser pour acquérir la royauté » 245 2.[1] Hérode résista un certain temps ; content de sa tranquillité, il se méfiait des embarras de Rome et essayait de chapitrer sa femme. Mais elle insistait d’autant plus qu’elle le voyait reculer davantage et elle l’exhortait à ne rien négliger pour devenir roi ; 246 elle ne cessa pas avant d’avoir réussi à le convaincre d’accepter son avis, bien qu’à contrecœur, car il était impossible à Hérode d’échapper à ce que sa femme avait décidé à ce sujet. Ayant donc fait des préparatifs aussi somptueux qu’il le pouvait et sans épargner aucune dépense, Hérode s’embarque pour Rome en emmenant Hérodiade. 247 Mais Agrippa, ayant deviné leurs dispositions et le but de leurs préparatifs, se préparait lui-même ; dès qu’il les sut embarqués, il envoya lui aussi à Rome son affranchi Fortunatus, porteur de présents pour l’empereur ainsi que d’une lettre contre Hérode, et chargé de renseigner directement Caius s’il en avait l’occasion. 248 Fortunatus, qui s’était embarqué à la poursuite d’Hérode et avait fait une heureuse traversée, fut devancé par Hérode de si peu qu’au moment où Hérode rencontrait Caius, l’autre débarquait et remettait sa lettre. 249 Tous deux prirent terre à Dicéarchia et trouvèrent Caius à Baies, petite vile[2] de Campanie située à environ cinq stades[3] de Dicéarchia. Il y a là une résidence royale luxueusement installée, car chacun des empereurs a fait de son mieux pour éclipser ses prédécesseurs. Ce lieu possède aussi des sources thermales naturelles qui jaillissent du sol, et dont les bains sont bons pour la santé en contribuant à l’agrément du séjour. 250 Caius, tout en parlant à Hérode, à qui il avait donné audience en premier lieu,

  1. Section 2 = Guerre, II, 183.
  2. πολίδιον A ; πολύδριον Niese πολίδριον Naber.
  3. Faute de texte ou erreur manifeste de Josèphe car, à vol d’oiseau la distance de Pouzzoles à Baïes est de plus de trois kilomètres.