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voyant avec quelle hâte Marsyas était arrivé et quelle joie ses paroles avaient apportée à Agrippa, supposa que quelque changement était l’objet de leur entretien et leur demanda de quoi ils parlaient. 231 Ils éludèrent un certain temps sa question, mais comme il insistait, Agrippa lui dit tout sans aucune crainte, car c’était déjà un ami. Le centurion partagea la joie causée par la nouvelle parce qu’elle était bonne pour Agrippa et lui offrit à dîner. Pendant qu’ils festoyaient et buvaient libéralement, quelqu’un vint annoncer que 232 Tibère était vivant et allait revenir à Rome dans quelques jours. Le centurion tout bouleversé par ces paroles — car il avait fait un acte qui le mettait en péril de mort en soupant joyeusement avec un prisonnier et cela pour fêter la mort de l’empereur — jette Agrippa à bas de son lit et s’écrie : « Supposes-tu par hasard que j’ignore que tu m’as menti en m’annonçant la mort de l’empereur et que tu ne paieras pas tes paroles de ta tête ? »233 À ces mots il fait enchaîner Agrippa qu’il avait fait libérer auparavant et établit autour de lui une garde plus vigilante qu’avant. Agrippa passa cette nuit-là dans de tels maux. 234 Mais le lendemain le bruit de la fin de Tibère grandit à Rome et prit de la consistance : les gens avaient déjà le courage d’en parler ouvertement ; quelques-uns même offraient des sacrifices. 235 Puis vinrent deux lettres de Caius, l’une au Sénat annonçant le mort de Tibère et sa propre accession à l’empire, l’autre à Pison, préfet de la ville, lui faisant connaître la même chose et lui ordonnant de laisser Agrippa quitter le camp[1] pour la maison où il vivait avait son arrestation. Agrippa fut désormais sûr de son salut, car, s’il était gardé et surveillé, c’était pourtant avec toutes sortes de libertés. 236 Quand Caius fut arrivé à Rome, amenant le corps de Tibère, et qu’il lui eut fait de somptueuses funérailles selon les coutumes ancestrales, il aurait volontiers fait remettre Agrippa en liberté le jour même si Antonia ne l’en avait empêché, non par haine contre le prisonnier, mais par souci de la dignité de Caius et pour lui épargner la réputation d’avoir accueilli avec joie la mort de Tibère en libérant sur le

  1. Le camp des prétoriens.