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lamenta beaucoup de s’être vu dépouiller du pouvoir de ratifier ses résolutions et de ce que son petit-fils Tibère manquât l’empire romain et en même temps se trouvât en péril, parce que son salut dépendait de gens plus puissants qui jugeraient sa fréquentation intolérable, sans que sa parenté pût lui servir, puisque son supérieur le craindrait et le haïrait en croyant d’abord qu’il ferait le siège du pouvoir et ensuite qu’il conspirerait sans cesse pour sa sécurité et pour s’emparer de l’autorité. 216 Mais Tibère s’adonnait beaucoup à la connaissance des horoscopes et dirigeait volontairement sa vie d’après leur succès[1], encore bien plus que n’importe quel autre adepte de cette science. Ainsi, ayant un jour vu venir Galba, il fit à quelques-uns de ses amis les plus intimes qu’ils voyaient arriver l’homme qui serait un jour honoré de l’empire romain. 217 De tous les empereurs il fut celui qui crut le plus à la valeur de toutes les prophéties à cause de leur vérité et il les employait dans ses affaires. 218 Aussi fut-il tourmenté par cette coïncidence, s’affligeant comme si le fils de son fils était mort et s’accusant d’avoir eu recours à des auspices : en effet, il aurait pu mourir débarrassé de toute affliction s’il avait ignoré l’avenir, et il avait fait en sorte qu’il mourrait[2] avec la prescience du malheur futur de ses parents les plus chers. 219 Mais, bien que bouleversé par l’attribution imprévue de l’empire à celui qu’il n’aurait pas choisi, il n’en dit pas moins à Caius, à contre cœur et contre son gré : « Mon enfant, quoique Tibère me soit plus proche que lui, par ma décision et par le décret conforme des dieux, je remets entre tes mains l’empire des Romains. 220 Je te demande, quand tu l’auras obtenu, de ne rien oublier, ni ma bienveillance qui te porte à un tel comble d’honneur, ni ta parenté avec Tibère ; 221 et puisque, tu le sais, avec la volonté des dieux et d’après elle, je t’ai procuré de si grands biens, je te prie de me récompenser de ma bonne volonté en cette circonstance et aussi de t’intéresser à Tibère en bon parent, en sachant surtout que Tibère, s’il vit, peut être un rempart pour toi et défendre à la fois ton empire et ta vie,

  1. κατὰ τὰ κατορθούμενα αὐτῆς Hudson = καὶ κατορθούμενα αὐτῇ vulg.
  2. διατρίβεσται A = διαφθείρεσθαι cett.