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tous ceux qui à présent prennent ton sort en pitié, et tu auras une fin heureuse avec des enfants à qui tu laisseras ta fortune. Mais souviens-toi que, lorsque tu reverras cet oiseau, tu n’auras plus que cinq jours à vivre. 201 Et cela arrivera de la façon qu’indique le dieu qui t’a envoyé cet oiseau. Te priver de la connaissance de cette prédiction m’a semblé injuste, car la certitude du bonheur à venir doit t’aider à mépriser le malheur présent. Mais souviens-toi, quand tu auras le bonheur entre les mains, de me faire échapper à mon tour au sort qui nous est maintenant commun. » 202 Cette prophétie du Germain prêta autant à rire à Agrippa qu’elle lui parut ensuite digne d’admiration.

203 Antonia, très affligée du malheur d’Agrippa, considérait comme trop délicat et d’ailleurs impossible de parler de lui à Tibère ; mais elle obtenait de Macron que les soldats à qui sa garde était confiée fussent des gens convenables, commandés par un centurion qui lui serait attaché, qu’on lui accordât de se baigner chaque jour, qu’on donnât accès à ses affranchis et à ses amis et qu’on lui fournît toutes les autres facilités pour prendre soin de son corps. 204 On laissait venir à lui son ami Silas et ses affranchis Marsyas et Stoicheus, qui lui apportaient les mets qu’il aimait et l’entouraient de tous les soins, lui fournissant des vêtements sous prétexte de les vendre et les étendant, sous lui, quand venait la nuit, grâce à la complicité des soldats avertis par Macron. Cela dura six mois. Telle était pendant ce temps la situation d’Agrippa.

205 8. Mais Tibère, revenu à Caprée, s’affaiblissait peu à peu ; bientôt sa maladie s’aggrava, il désespéra de guérir et ordonna à Evodus, l’affranchi qu’il estimait le plus, de lui amener ses enfants, parce qu’il désirait leur parler avant de mourir. 206 Il n’avait plus d’enfants légitimes, car Drusus, son fils unique, était mort. Mais le fils de celui-ci, Tibère surnommé Gemellus, survivait, ainsi que le fils de son frère Germanicus. 207 Ce dernier était déjà un jeune homme : il avait reçu une éducation très soignée et était entouré de l’affection du peuple, qui l’honorait à cause des vertus de Germanicus son père. Celui-ci avait, en effet, atteint le comble de la faveur parmi le peuple, qu’il n’avait jamais froissé, grâce à la fermeté de son carac-