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hommage, le voir et lui demander la permission d’aborder à Caprée. 162 Tibère se hâta de lui répondre très aimablement, entre autres choses, qu’il se réjouissait de le voir revenir sain et sauf à Caprée. Quand Agrippa y fut arrivé, sans rien renier de l’empressement qu’il avait montré dans sa lettre, Tibère l’embrassa et lui offrit l’hospitalité. 163 Mais le lendemain l’empereur reçut d’Herennius Capito une lettre l’informant qu’Agrippa, après avoir emprunté trois cent mille drachmes et laissé passer le délai stipulé pour les rendre, avait, lorsqu’on lui avait réclamé la somme, pris la fuite hors du territoire soumis à son commandement, l’empêchant ainsi de pouvoir recouvrer l’argent. 164 À la lecture de cette lettre, l’empereur, irrité, défendit à Agrippa de se présenter à lui avant d’avoir réglé ses dettes. Nullement ému de la colère de l’empereur, Agrippa demanda à Antonia, mère de Germanicus et du futur empereur Claude, de lui prêter les trois cent mille drachmes pour l’empêcher de perdre l’amitié de Tibère. 165 En mémoire de Bérénice, mère d’Agrippa — car elles avaient été très liées — et parce qu’il avait été élevé avec Claude, elle lui donna l’argent, et, quand il eut payé ses dettes, il n’y eut plus d’obstacle à la bienveillance de Tibère. 166 Ce fut à Agrippa que l’empereur, un peu plus tard, confia son petit-fils[1] en lui ordonnant de l’accompagner dans toutes ses sorties. Comme il avait été accueilli avec faveur par Antonia, Agrippa se mit à servir Caius, son petit-fils, très honoré par suite de l’affection portée à son père[2]. 167 Il y avait parmi les affranchis de l’empereur un certain Thallos, d’origine samaritaine ; lui ayant emprunté un million, Agrippa paya à Antonia ce qu’il lui devait et, dépensant le reste pour servir Caius, augmenta son crédit auprès de celui-ci.

168 5. Agrippa faisait donc de très grands progrès dans l’amitié de Caius. Un jour qu’ils causaient en voiture au sujet de Tibère, Agrippa se mit à souhaiter — car ils étaient seuls — que Tibère laissât au plus vite le pouvoir à Caius qui en était plus digne en tous points. Ces paroles furent entendues par Eutychus, affranchi

  1. Tibérius, fils de Drusus le jeune.
  2. À Germanicus.