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s’enfuit-il vers les satrapies du haut pays[1]. Puis, ayant rassemblé une grande armée de Dahes et de Saces, il vainquit ses ennemis et reprit son royaume.

101 5. À ces nouvelles Tibère décida de lier amitié avec Artabane. Celui-ci accepta avec joie la conférence à laquelle on l’invita à ce sujet. 102 Artabane et Vitellius vinrent sur l’Euphrate ; ils se rencontrèrent au milieu d’un pont jeté sur le fleuve : chacun avait sa garde autour de lui. Quand ils eurent discuté le traité, le tétrarque Hérode leur offrit un festin dans une tente luxueuse dressée au milieu du pont. 103 Artabane, peu après, envoya en otage à Tibère son fils Darius avec de nombreux présents, parmi lesquels un homme grand de sept coudées, de race juive, nommé Eléazar et surnommé le Géant à cause de sa taille. Ensuite Vitellius retourna à Antioche et Artabane à Babylone. Hérode, voulant être le premier à annoncer à l’empereur l’obtention des otages, envoya des courriers et écrivit une lettre détaillée qui ne laissait au proconsul rien à ajouter. 105 Vitellius avait également écrit une lettre. L’empereur lui ayant fait savoir qu’il connaissait déjà tout, parce qu’Hérode le lui avait mandé auparavant, Vitellius, très troublé et supposant qu’on lui avait fait un tort plus grand qu’il n’était en réalité, dissimula sa colère jusqu’à son retour sous le principat de Caius[2].

106 6. C’est alors aussi que mourut Philippe, frère d’Hérode, la vingtième année du principat de Tibère et la trente-septième de son propre règne sur la Trachonitide, la Gaulanitide et le peuple de Batanée. Il avait montré un caractère modéré et pacifique à l’égard de ses sujets. 107 En effet, il passait toute l’année dans les terres qui lui appartenaient. Dans ses voyages il n’avait pour compagnons que quelques hommes choisis. Le trône sur lequel il siégeait pour rendre la justice le suivait dans ces déplacements ; s’il rencontrait quelqu’un dans la nécessité de lui demander secours, il faisait sur le champ dresser son trône là ou il se trouvait et, s’asseyant dessus,

  1. De l’Est (Haute-Asie), par rapport à l’Asie antérieure.
  2. C. Julius Caesar Augustus Germanicus, plus connu sous son sobriquet de Caligula.