Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et au jeûne. 95 Vitellius prit soin que le vêtement fût gardé conformément à nos coutumes nationales et enjoignit au commandant de la garnison de ne pas s’inquiéter du lieu où il était, ni du jour où on s’en servirait. Ayant ainsi agi par bienveillance pour le peuple, il dépouilla du sacerdoce le grand-prêtre Joseph appelé Caïphe et lui substitua Jonathan, fils du grand-pontife Anan. Puis il rentra à Antioche.

96 4. Tibère écrivit à Vitellius pour lui ordonner de se concilier l’amitié d’Artabane roi des Parthes, car il redoutait sa haine et craignait qu’ayant attiré à lui l’Arménie, il ne fît encore plus de mal ; mais le seul moyen de se lier à son amitié était de faire livrer des otages, notamment le fils d’Artabane. 97 Après avoir écrit cela à Vitellius, Tibère persuada par le don de grosses sommes le roi des Ibères et celui des Albaniens[1] d’attaquer sans hésitation Artabane. Mais ils refusèrent, tout en livrant le passage aux Alains[2] à travers leur territoire et on leur ouvrant les Portes Caspiennes pour les lancer contre Artabane. 98 L’Arménie fut reprise et le pays des Parthes entièrement envahi par la guerre. Les chefs Parthes furent tués ; tout le pays fut dévasté et le fils du roi périt dans ces combats avec plusieurs milliers de soldats. 99 Vitellius se disposait à faire périr Artabane son père en envoyant de l’argent à ses parents et à ses amis, et il avait obtenu leur aide par ces présents. Mais Artabane comprit qu’il ne pourrait échapper à ce complot tramé par de très nombreux hommes haut placés et que ceux-ci ne manqueraient pas d’arriver à leurs fins ; 100 il pensait au nombre des gens qui restaient ouvertement ses partisans et qui sans doute feignaient par ruse l’affection, bien qu’ils eussent été corrompus, ou qui, si l’on tentait quelque chose contre lui, passeraient à ceux qui l’avaient déjà trahi. Aussi

  1. Géorgie et Daghestan. Il s’agit ici des Portes Albaniennes (défilé de Derbent), les Portes Caspiennes proprement dites étant bien plus à l’est (col de Girdava dans le Mazendéran). Tacite (Annales, VI, 33) commet le même confusion.
  2. Ἀλαούς éd. princ. ἀλμανοί E. Σκύθας Naber Scythas, trad. lat. Saumatas Tacite, Ann. VI, 33.