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n’était pas pour se révolter contre les Romains, mais pour échapper à la violence de Pilate qu’ils s’étaient réunis à Tirathana. 89 Après avoir envoyé un de ses amis, Marcellus, pour s’occuper des Juifs, Vitellius ordonna à Pilate de rentrer à Rome pour renseigner l’empereur sur ce dont l’accusaient les Juifs. Pilate, après dix ans de séjour en Judée, se hâtait de gagner Rome par obéissance aux ordres de Vitellius auxquels il se pouvait rien objecter ; mais avant qu’il ne fût arrivé à Rome, survint la mort de Tibère.

90 3. Vitellius, arrivé en Judée, monta à Jérusalem au moment de la fête nationale appelée la Pâque. Reçu avec magnificence, il fit remise aux habitants de l’ensemble des impôts sur la vente des récoltes. Il accorda aussi que le vêtement du grand-pontife et tous ses ornements fussent placés dans le Temple et gardés par les prêtres comme ils en avaient jadis la prérogative ; pour le moment, c’était dans la citadelle appelée l’Antonia qu’ils étaient déposés, et cela pour la raison suivante. 91 Un des pontifes, Hyrcan, premier du nom, — car ils furent beaucoup à le porter — avait construit dans le voisinage du Temple un palais où il vivait la plupart du temps, et c’était là qu’il gardait déposé le vêtement qui lui était confié, parce qu’il avait seul le droit de le revêtir et, lorsqu’il descendait en ville, il revêtait son costume civil. 92 Ses fils et leurs enfants s’appliquèrent à agir de même. Lorsqu’Hérode, devenu roi, rebâtit à grands frais cet édifice favorablement situé, il l’appela Antonia du nom de son ami Antoine ; il s’empara du vêtement et le garda là, assuré que pour cela le peuple ne lui résisterait pas. 93 Archélaüs, fils d’Hérode et son successeur, fit comme lui. Les Romains, lui ayant repris le pouvoir, furent maîtres du vêtement du grand pontife, placé dans une construction de pierre scellée par les prêtres et les gardiens du trésor et où le commandant de la garnison allumait chaque jour une lampe. 94 Sept jours avant la fête, ce dernier remettait le vêtement aux prêtres, et le grand-prêtre s’en servait après l’avoir purifié ; puis, le lendemain de la fête, il le déposait dans le lieu où il se trouvait auparavant. Cela avait lieu aux trois fêtes annuelles[1]

  1. Pâque, Pentecôte, Tabernacles.