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risien, Saddok, et se précipita dans la sédition. Ils prétendaient que ce recensement n’amenait avec lui rien de moins qu’une servitude complète et ils appelaient le peuple à revendiquer sa liberté ; 5 car, disaient-ils, s’il leur arrivait de réussir, ce serait au bénéfice de la fortune acquise, et s’ils étaient frustrés du bien qui leur restait, ils obtiendraient du moins l’honneur et la gloire d’avoir montré de la grandeur d’âme ; d’ailleurs, la divinité collaborerait de préférence à la réussite de leurs projets si, épris de grandes choses, ils n’épargnaient aucune peine pour les réaliser. 6 Comme les gens écoutaient avec joie leurs discours, l’audace de leur entreprise fit de grands progrès, et il n’y eut pas de mal qui ne fût engendré par eux et dont le peuple ne fût accablé plus qu’on ne saurait le dire : 7 guerres dont nul ne pouvait éviter la violence continuelle, perte d’amis qui auraient pu alléger nos peines, énormes brigandages, meurtre des hommes les plus importants, et tout cela sous le prétexte de redresser les affaires communes, mais, en réalité, en vue de gains personnels. 8 De là naquirent des séditions et des assassinats politiques, tantôt de concitoyens, immolés à la fureur qui les animait les uns contre les autres et à leur passion de ne pas céder à leurs adversaires, tantôt d’ennemis ; la famine poussant jusqu’aux extrémités les plus éhontées ; des prises et des destructions de villes, jusqu’à ce qu’enfin cette révolte livrât le Temple même de Dieu au feu de l’ennemi. 9 Tant le changement des institutions nationales et leur bouleversement ont d’influence pour perdre ceux qu’ils atteignent, puisque Judas et Saddok, en introduisant et en éveillant chez nous une quatrième secte philosophique et en s’entourant de nombreux adhérents, remplirent le pays de troubles immédiats et 10 plantèrent les racines des maux qui y sévirent plus tard, et cela grâce à cette philosophie inconnue avant eux et dont je veux parler un peu, principalement parce que c’est la faveur de la jeunesse pour leur secte qui fut cause de la ruine du pays.

2. 11[1] Les Juifs avaient, depuis une époque très reculée, trois sectes philosophiques interprétant leurs coutumes nationales : les Essé-

  1. Section 2 = Guerre, II, 119-161.