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Or, la grande affaire pour les hommes n’est pas de gagner ce qu’ils n’ont pas, mais de conserver ce qu’ils ont acquis et de ne commettre aucune faute qui puisse eu causer la perte.

5[1]. Le roi, ayant ainsi parlé au peuple, congédia l’assemblée, après avoir offert des sacrifices tant pour lui-même que pour tous les Hébreux, de sorte qu’il immola douze mille veaux et cent vingt mille brebis[2]. Ce fut la première fois qu’il fit goûter au Temple la chair des victimes, et tous les Hébreux y furent conviés à des festins avec leurs femmes et leurs enfants. De plus, le roi célébra la fête dite des Cabanes (Scénopégie) pendant deux semaines devant le Temple, de façon éclatante et magnifique, en faisant bonne chère avec tout le peuple.

6[3]. Quand ils se furent acquittés de toutes ces solennités et que rien ne manqua plus à leur piété envers Dieu, ils s’en retournèrent chacun chez soi, congédiés par le roi, après l’avoir béni de sa sollicitude à leur égard et des ouvrages qu’il avait accomplis et prié Dieu de leur conserver longtemps le roi Salomon. Et ils rentrèrent pleins de joie et de rires en chantant des cantiques à Dieu, si bien que le plaisir leur fit oublier à tous la fatigue du chemin. Pendant que ces hommes qui avaient introduit l’arche dans le Temple, contemplé sa grandeur et sa beauté, pris part aux grandioses sacrifices et aux fêtes qu’on y avait accomplis, s’en retournaient ainsi chacun dans sa ville, un songe que le roi eut dans son sommeil lui révéla que Dieu avait exaucé sa prière, qu’il protégerait le Temple et y séjournerait pour toujours, si ses descendants et tout le peuple agissaient avec droiture. Et lui tout le premier, s’il demeurait fidèle aux instructions de son père, Dieu l’élèverait à une hauteur et à une grandeur de prospérité illimitées, et la domination du pays resterait toujours à ceux de sa race et à la tribu de Juda. Que si, au contraire, il désertait ces principes et les oubliait au point de passer au culte des dieux étrangers, il le trancherait dans sa racine, ne permettrait pas qu’il subsistât aucun vestige de sa famille, et ne laisserait pas non plus le peuple des

  1. I Rois, viii, 62 ; II Chron., vii, 5.
  2. Bible : 22,000.
  3. I Rois, viii, 66 ; II Chron., vii, 10.