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tu poursuis ceux qui ont violé une loi sainte — et s’il se réfugie en foule dans ce Temple pour implorer ta miséricorde et te demander le salut, exauce-le, comme si tu y habitais, prends-le en pitié et délivre-le de ces calamités. Cette assistance, je ne te la demande pas seulement pour les Hébreux qui auraient failli : si l’on vient des extrémités de la terre[1] et de quelque côté qu’on se tourne vers toi et qu’on sollicite de toi un bienfait, prête l’oreille et daigne l’accorder. Ainsi chacun saura, d’une part, que tu as souhaité toi-même te voir ériger par nous cette maison, d’autre part que nous ne sommes pas des êtres insociables animés de sentiments hostiles à l’égard de ceux qui ne sont pas de notre peuple[2], mais que nous avons voulu faire participer tout le monde à ta protection et à la jouissance de tes bienfaits. »

4[3]. Ce disant, il se prosterna à terre et, après être demeuré longtemps en adoration, il se redressa et offrit des sacrifices à Dieu sur l’autel, puis, l’avant rempli de victimes entières, il s’aperçut de la façon la plus manifeste que Dieu avait bien agréé l’offrande : une flamme courut, en effet, à travers les airs et, se précipitant violemment sur l’autel aux yeux de tous, saisit et consuma toute l’offrande. Dans cette apparition, le peuple vit une preuve certaine que Dieu consentait à habiter dans le Temple et plein de joie, se jeta sur le sol en l’adorant. Le roi commença à réciter des bénédictions et exhorta le peuple à faire de même, car ils possédaient maintenant des signes de la bonté de Dieu à leur égard et ils devaient le prier de les traiter toujours de même et de garder leur âme pure de tout mal, persévérant dans la justice, la piété et l’observance des préceptes que Dieu leur avait donnés par Moïse. Ainsi le peuple hébreu serait heureux et surpasserait tout le genre humain en félicité. Et il les exhortait à se souvenir que les mêmes moyens qui leur avaient procuré les biens présents leur en assureraient aussi la conservation et l’accroissement dans l’avenir. Il ne fallait pas croire que la piété et la justice ne servissent qu’à les obtenir, mais qu’elles servaient aussi à les garder.

  1. II Chron., VI, 32 : I Rois, VIII, 41.
  2. Josèphe a soin de souligner la largeur d’esprit qui se remarque dans la prière du roi Salomon.
  3. II Chron., VII, 1 : I Rois, VIII, 54.