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chevant dans un temps aussi court, eu égard à la grandeur du Temple, une œuvre qui à première vue ne paraissait guère pouvoir s’accomplir dans toute la durée des siècles, il écrivit aux chefs et aux anciens des Hébreux et leur ordonna de rassembler tout le peuple à Jérusalem pour contempler le Temple et y transporter l’arche de Dieu. Et quand tous eurent reçu la convocation de se rendre à Jérusalem. ils s’y réunirent non sans peine au septième mois, appelé thesri[1] par ceux du pays, et hyperbérétéos par les Macédoniens. Cette époque coïncidait avec celle de la fête des Cabanes[2], particulièrement sainte et importante chez les Hébreux. Ayant donc été chercher l’arche et le tabernacle que Moise avait dressé et tous les ustensiles destinés au service des sacrifices divins, ils les transportèrent dans le Temple. Par devant marchaient avec les victimes le roi en personne et tout le peuple et les Lévites, arrosant le chemin de libations et du sang de nombreux sacrifices, et faisant fumer une quantité infinie d’encens, de sorte que toute l’atmosphère alentour en était imprégnée et en apportait l’agréable odeur même aux plus éloignés, leur annonçant que Dieu était en route[3] et allait venir habiter, selon la croyance humaine, dans le lieu récemment édifié et consacré en son honneur : en effet, ils ne se lassèrent point de chanter et de danser jusqu’à leur arrivée au Temple. Voilà comment ils transportèrent l’arche. Mais lorsqu’il fallut l’introduire dans le Saint des Saints, le peuple s’arrêta, et seuls les prêtres l’apportèrent et la placèrent entre les deux Chérubins. Ceux-ci, avec les extrémités entrecroisées de leurs ailes, — car c’est ainsi que l’artiste Les avait disposés, — couvrirent l’arche comme sous une tente et un dais. L’arche ne contenait rien d’autre que deux tables de pierre, qui conservaient gravés les dix commandements dictés par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï. Quant ait candélabre, à la table et à l’autel d’or, on les posa dans le Temple devant le Saint des Saints aux mêmes places qu’ils occupaient jusqu’alors dans le taber-

  1. La Bible (I Rois, VIII, 2) dit : au mois des Ethanim, à la fête, à savoir au 7e mois. Les LXX ont seulement : έν μηνί Άθανείν (nom de mois cananéen). Les manuscrits de Josèphe portent άθύρει, θοιρι, etc. (theseri Lat.).
  2. Nommée simplement חׇג dans l’hébreu (LXX sur Chron. : ἐν τῇ ἐορτῇ).
  3. Ces détails sur les parfums sont étrangers à la Bible.