Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 2.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était éclatante. Il surpassa et vainquit en sagesse ceux qui en ce temps-là étaient réputés chez les Hébreux pour leur pénétration, et dont je ne veux pas omettre les noms. C’étaient Athan(os), Héman(os), Chalcéos et Dardanos, les fils de Hémaon[1]. Il composa aussi mille cinq livres[2] de poèmes et de chants, et trois mille livres de paraboles et de comparaisons. Sur chaque espèce d’arbre il fit une parabole depuis l’hysope jusqu’au cèdre, et de même sur les bêtes de somme et tous les animaux de la terre, de l’eau et de l’air. Il n’ignora rien, en effet, de leur histoire naturelle, ne laissa rien inexploré ; il sut raisonner sur tous et montra une science parfaite de leurs propriétés. Dieu lui accorda aussi l’art de combattre les démons[3] pour l’utilité et la guérison des hommes.

Comme il avait composé des incantations pour conjurer les maladies, il a laissé des formules d’exorcisme pour enchaîner et chasser les démons, de façon qu’ils ne reviennent plus. Et cette thérapeutique est encore très en vigueur jusqu’ici chez nous. C’est ainsi que j’ai vu un certain Eléazar[4] de ma race qui, en présence de Vespasien, de ses fils, des tribuns et du reste de l’armée, délivrait des gens possédés des démons. Le mode de guérison était celui-ci : il approchait du nez du démoniaque un anneau dont le chaton enfermait une des racines indiquées par Salomon[5], puis, le faisant respirer, il effrayait l’esprit

  1. Hébreu : Ethau l’Ezrahite, Hêmau, Calcol et Dorda, fils de Mabol ; LXX : Ταιθάν, Αἴναν, Χαλxάδ, Δαράλα υἱοὺς Μάλ. Josèphe, ici encore, paraît plus près de l’hébreu, mais il ne résulte pas clairement de son texte que seuls les trois derniers sont fils d’Hémaon (Mahol).
  2. Comme l’hébreu ; LXX : 5,000 (πεντακισχίλιαι), mais Josèphe a transformé les morceaux en livres.
  3. Tradition extra biblique qui se retrouve dans le Midrash. Dans Tanhouma et la Pesikta sur I Rois, V, 10, on demande : quelle est cette sagesse qui surpassait celle de tous les Orientaux ? Réponse : c’est la science des sorts et de l’astrologie.
  4. Cet Éléazar était sans doute de la secte des Esséniens qui passaient pour avoir entre leurs mains certains ouvrages spéciaux, au nombre desquels ce livre de thérapeutique (ספר תִרפואו) attribué au roi Salomon et mis de côté par Ézéchias dont il est question dans une Baraïta de Pesahim. Cf. le commentaire hébraïque de Senior Sachs dans l’édition du Séfer Tagin (liber coronularum) par Bargès, Paris, 1866, p. 33.
  5. Probablement la racine Baara, dont Josèphe décrit ailleurs longuement les vertus fabuleuses (Guerre, VII, 6, 3). (T.-R.)