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la tribu de Juda prirent un prodigieux accroissement, grâce aux soins donnés à l’agriculture et à l’exploitation du sol ; jouissant de la paix, n’étant distrait par aucune guerre ni aucun tracas, savourant à longs traits la liberté tant désirée, chacun pouvait se consacrer à faire prospérer et croître de valeur son patrimoine.

4. Le roi avait encore d’autres gouverneurs préposés au pays des Syriens et des gens de race étrangère[1], qui va de l’Euphrate[2] à l’Égypte, et chargés de percevoir pour lui les impôts des peuples. Ils fournissaient journellement, pour la table et la chère du roi, trente cors[3] de fleur de farine, soixante de farine ordinaire, dix bœufs engraissés, vingt bœufs de pâture et cent agneaux gras. Tout cela sans compter les bues prises à la chasse, c’est-à-dire cerfs et buffles, les volailles et les poissons, était apporté journellement an roi par les peuples de race étrangère. Salomon avait une telle quantité de chars qu’il lui fallait quarante mille mangeoires[4] pour ses chevaux d’attelage. En outre, il avait douze mille cavaliers dont la moitié étaient stationnés près du roi à Jérusalem, tandis que les autres demeuraient dispersés dans les villages royaux. Le même intendant à qui était confiée la dépense du roi fournissait aussi le nécessaire aux chevaux et le dirigeait partout où se trouvait le roi.

5[5]. Tels étaient le jugement et la sagesse dispensés par Dieu à Salomon qu’il surpassait les anciens[6], et qu’à le comparer même aux Égyptiens qu’on dit les plus intelligents du monde, non seulement sa supériorité n’était pas médiocre, mais on se convainquait qu’elle

  1. Καὶ τῶν ἀλλοφύλων, expression prise des LXX, qui traduisent habituellement ainsi l’hébreu פְּלִשְׁתִּים » Philistins ».
  2. L’hébreu du livre des Rois dit : מן הכהר ארצ פלשתים (LXX : ἀπὸ ποταμοῦ γῆς ἀλλοφύλωνà texte inintelligible si l’on n’y insère avant le mot ארצ le mot ועד (jusqu’à) d’après le passage parallèle II Chron., IX, 26. Josèphe a suivi les Chroniques ou un texte des Rois plus correct.
  3. Le Kor hébreu ou phénicien vaut à peu prés 3, 6 hectolitres (Hultsch, Métrologie, p. 436).
  4. φατνών = ארות de I Rois, V, 6. Les LXX ont une autre traduction τοκάδες ἵππῶν (II Chron., IX, 23 : θήλειαι ϊπποι) « juments »
  5. I Rois, V, 9. ; cf. Sap. Sal., VII, 17-21.
  6. ἀρχείευς ἀνθρώπους ; même traduction que dans les LXX de l’hébreu בני קדם, qu’on traduit communément par les Orientaux.