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reconnus après un examen attentif. Sur quoi je lui réclame mon fils, et, n’ayant pu l’obtenir, je me réfugie, seigneur, sous ta protection. Car du fait que nous étions seules et qu’elle n’appréhende point que nul témoin puisse la confondre, elle prend de l’assurance et s’obstine à nier de toute sa force. » Quand elle eut ainsi parlé, le roi demanda à l’autre femme ce qu’elle avait à répliquer. Celle-ci nia tout le fait et soutint que c’était son enfant qui vivait et celui de son adversaire qui était mort. Comme personne ne trouvait d’issue et qu’on restait là comme devant une énigme dont le mot échappait à des esprits aveuglés, seul le roi eut une idée. Il fait apporter l’enfant mort et le vivant, mande un de ses gardes du corps et lui ordonne de tirer son glaive et de couper en deux les corps des deux enfants afin que chacune des mères eut la moitié du vivant et la moitié du mort[1]. Là-dessus, tout le peuple de se moquer tout bas d’un roi aussi puéril. Mais voici que la plaignante, qui était la vraie mère, s’écria qu’il n’en fallait pas user de la sorte, mais qu’on livrât l’enfant à l’autre femme comme si c’était vraiment le sien : tout ce qu’elle demande, c’est qu’il vive et qu’elle puisse le voir, dût-il passer pour l’enfant d’une autre. L’autre femme, au contraire se tenait prête à voir trancher l’enfant en deux et désirait en outre que sa rivale subit la torture[2]. Le roi, ayant reconnu que la parole de chacune d’elles révélait ses véritables sentiments, adjugea l’enfant à celle qui avait poussé le cri, — comme étant vraiment la mère, — et condamna la scélératesse de l’autre, qui non contente d’avoir tué son propre enfant, souhaitait de voir périr celui de sa compagne. Le peuple vit là une grande marque et un témoignage éclatant de la grandeur et de la sagesse du roi ; et de ce jour ils commencèrent à l’écouter comme s’il était rempli de l’esprit de Dieu.

3[3]. Voici les généraux et les gouverneurs qu’il institua dans tout le

  1. Ήμισυ τοϋ τε ζώντος xαί τοϋ τετελευτηκότος. La Bible ne parle de partager que l’enfant vivant. Cette singulière addition, de caractère aggadique, et qui semble due à une réminiscence de Exod., XXI, 35, se retrouve seulement dans la version lucienne des LXX (καὶ τὸ τεθνηκὸς ὁμοιως διέλετε καὶ δότε ἀμφοτέραις).
  2. Addition inepte de Josèphe
  3. I Rois, iv, 7. Josèphe omet les premiers versets du chapitre, qui énumèrent les officiers de la cour.