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de Dieu, il aimait et se plaisait à servir sous lui, et se déclarait satisfait de sa condition présente. Toutefois il suppliait Bersabé d’intercéder pour lui auprès de son frère et de le persuader de lui accorder pour femme Abisaké, la concubine de son père : car celui-ci, en raison de sa vieillesse, n’avait pas eu commerce avec elle ; elle était donc restée vierge. Bersabé promit de lui prêter tout son concours, disant qu’elle ne doutait pas du succès, d’abord parce que le roi tiendrait à faire plaisir à son frère, ensuite parce qu’elle l’en prierait avec instance. Adonias se retira, plein d’espoir, et la mère de Salomon s’empressa aussitôt d’aller voir son fils pour l’entretenir de ce qu’elle avait promis à la prière d’Adonias. Son fifs, étant venu à sa rencontre, l’embrassa, puis, l’ayant conduite dans l’appartement où se trouvait son trône royal, s’y assit et fit placer à sa droite un autre trône pour sa mère. Bersabé s’étant assise : « J’ai une grâce, dit-elle, à te demander mon fils : accorde-la-moi et épargne-moi le chagrin et l’ennui d’un refus. » Salomon l’invite à faire connaître sa volonté, car c’était un devoir de tout accorder à une mère. Il lui reproche même doucement de n’avoir pas, dès ses premières paroles, montré la ferme confiance de voir exaucer son désir et d’avoir paru appréhender un refus ; alors Bersabé le pria de donner en mariage à son frère Adonias la vierge Abisaké.

3[1]. Le roi, violemment irrité par ce discours, congédie sa mère, et s’écrie que sûrement Adonias visait encore plus haut. Il s’étonne qu’elle ne fait pas invité à livrer encore la royauté à ce frère, en raison de son âge, alors qu’elle réclame la main d’Abisaké pour un homme qui a des amis puissants, Joab le général en chef et le prêtre Abiathar. Puis il mande Banéas, le chef des gardes du corps, et lui ordonne de mettre à mort son frère Adonias. Ensuite, ayant appelé le prêtre Abiathar : « Si tu échappes à la mort, dit-il, c’est en considération de toutes les épreuves que tu as subies aux côtés de mon père et de l’aide que tu lui as prêtée pour transporter l’arche. Mais voici le châtiment que je t’inflige, pour t’être rangé du parti d’Adonias et avoir épousé ses projets : aie garde de ne point demeurer ici, ni de te trouver jamais devant mes yeux ; mais retourne dans ton pays natal[2], vis aux champs

  1. Ibid., 22 (excepté les § 11-12).
  2. Bible : à Anatoth.