Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE PREMIER.[1]

1. — Création du monde. — 2. Adam et Ève — 3. Le paradis. — 4. Le péché ; Adam et Ève chassés du paradis terrestre.

1[2]. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Celle-ci n’était pas visible ; elle était cachée sous des ténèbres profondes et un souffle d’en haut courait à sa surface. Dieu ordonna que la lumière fût. Quand elle eut paru, il considéra l’ensemble de la matière et sépara la lumière des ténèbres, les appelant jour et nuit, et il nomma matin et soir l’apparition de la lumière et sa cessation. Et ce jour devrait être le premier, mais Moïse employa le terme de « un[3] jour ». Pourquoi ? Je pourrais le dire dès maintenant, mais comme je me propose de faire la recherche de toutes les causes dans un écrit[4] spécial, je diffère jusque-là l’éclaircissement de ce point.

Ensuite, le second jour, Dieu établit le ciel sur le monde ; l’ayant distingué du reste, il jugea qu’il devait être organisé à part et, l’avant entouré d’une surface congelée, il le rendit humide et pluvieux, en rapport avec les besoins de la terre, qu’il féconderait de ses rosées.

  1. La division du texte en chapitres, sections et sommaires ne sont pas l’œuvre de Josèphe.
  2. Genèse, I.
  3. Josèphe, conformément à l’exégèse traditionnelle, remarque l’emploi du mot êhad « un » dans la Bible au lieu de l’ordinal risôn « premier », qu’on attendrait. Mais il se réserve de donner plus tard les raisons de cette singularité. Le Talmud (Nazir, 7 a) l’explique en disant que l’expression « un jour » signifie un jour complet, d’où il résulte qu’on doit compter avec le jour la nuit qui précède. Philon, De mundi opificio, § 9, M. I, p. 7, dit aussi καὶ ἡμέραν οὐχὶ πρώτην, ἀλλὰ μίαν…, « non pas premier jour, mais un jour » ; mais il donne, lui, une explication allégorique. Il voit dans le terme de « un » l’unité intelligible, incorporelle du monde, κόσμος νοητός, ἀσώματος, comme il dit plus loin.
  4. Le même dont il parle à la fin du préambule. (§ 25)