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l’intérêt général, à en publier l’histoire. Parmi les raisons que je viens de dire, ce sont les deux dernières qui m’ont moi-même entraîné. En effet, la guerre que nous, Juifs, nous avons soutenue contre les Romains, les événements de cette guerre et son issue m'étant connus par expérience, j’étais forcé de la raconter en détail[1], pour réfuter les gens qui dans leurs écrits en ont altéré le véritable caractère[2].

2. Quant au présent ouvrage, si je l’ai entrepris, c’est que j’ai cru qu’il paraîtrait à tous les Grecs digne d’attention : il contiendra, en effet, toute l’histoire de notre antiquité ainsi que l’exposé de notre constitution politique, traduits des livres hébraïques[3]. D’ailleurs, j’avais déjà médité autrefois, en écrivant l’histoire de la guerre, de montrer ce que furent au début les Juifs, quelles destinées ils eurent, quel grand législateur leur enseigna la piété et l’exercice des autres vertus, combien de luttes très longues ils durent soutenir avant cette dernière guerre où ils s’engagèrent malgré eux [4] contre les Romains. Toutefois, comme ce sujet embrassait trop de matières, j’en ai fait un tout à part, ayant son commencement et sa fin, donnant ainsi à mon ouvrage de justes proportions. Mais avec le temps et, comme il arrive souvent à ceux qui s’attaquent à une tâche difficile, il me vint des hésitations et de la paresse à traduire un si grand sujet dans une langue étrangère dont les habitudes ne nous sont pas familières.

Cependant quelques personnes curieuses de cette histoire me

  1. Allusion à son ouvrage (Περὶ τοῦ Ἰουδαικοῦ πολέμου), terminé avant 79.
  2. Il s'agit surtout de Justus de Tibériade qui prit part à la guerre et en composa ensuite une histoire, où il jugeait sévèrement le rôle que Josèphe y avait joué. Josèphe lui réplique dans son Autobiographie (voir Vita. passim). Josèphe fait encore allusion dans le préambule de la Guerre à d’autres historiens inexacts ou passionnés de ces événements.
  3. Josèphe a dû, en effet, avoir la Bible sous les yeux pour composer ses Antiquités. On sait par son propre témoignage (Vita, § 418) qu’il emporta des Livres saints du siège de Jérusalem.
  4. Ici comme ailleurs (voir. entre autres, Ant, IV, § 207 et note) Josèphe atténue ce qui peut paraître répréhensible aux yeux des Romains dans l’hostilité des Juifs à leur égard ; il déguise cette hostilité et fait d’eux des adversaires involontaires de la domination romaine.