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supériorité de forces, dans un étroit espace[1] : ils étaient suivis, en effet, de six cents chars de guerre avec 50.000 cavaliers et des hoplites au nombre de 200.000[2]. Ils barrèrent tous les chemins par où ils pensaient que les Hébreux chercheraient à s’enfuir et les tenaient prisonniers entre des escarpements inaccessibles et la mer ; vers la mer, en effet, se terminait une montagne que ses sentiers trop rudes rendent infranchissable et impropre à une retraite. Ainsi, profitant des rapprochements de la montagne et de la mer, ils fermaient toute issue aux Hébreux en postant leur camp à l’entrée même, afin de les empêcher de s’échapper vers la plaine.

4. Incapables d’attendre à la façon des assiégés, faute des vivres nécessaires, ne voyant aucun moyen de fuir et dépourvus d’armes[3], au cas où l’idée leur viendrait d’engager un combat, les Hébreux croyaient déjà à un complet désastre, s’ils ne se livraient eux-mêmes de plein gré aux Égyptiens. Et ils incriminaient Moïse, oubliant tous les miracles accomplis par Dieu en vue de leur libération, au point qu’incrédules à la parole du prophète qui les encourageait et leur promettait le salut, ils voulaient le lapider et étaient d’avis de se remettre entre les mains des Égyptiens. On n’entendait que lamentations, gémissements des femmes et des enfants : la mort devant les yeux, enfermés entre les montagnes, la mer et les ennemis, ils ne trouvaient aucun moyen de leur échapper.

5. Moïse, malgré l’irritation du peuple contre lui, ne se relâchait pas de sa sollicitude à leur égard et s’en remettait à Dieu, qui avait fait tout ce qu’il avait promis pour leur délivrance et ne les laisserait pas maintenant tomber aux mains des ennemis, ni devenir esclaves, ni périr. Se levant au milieu d’eux, il s’écrie : « Même envers des hommes qui vous auraient gouvernés heureusement jusqu’à présent, il y aurait de l’injustice à douter qu’ils restent les mêmes dans l’avenir ; mais désespérer de la vigilance de Dieu, ce serait de votre part un acte de démence, puisque c’est à lui que vous devez tout ce qui s’est fait par mon entremise pour votre salut et votre délivrance de

  1. Ex., XIV, 9.
  2. On ne trouve aucun de ces derniers chiffres dans l’Écriture ; ils sont de pure fantaisie. Pour les chars, cf. Ex., XIV, 7.
  3. Voir plus haut, § 321, note.