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et dans un abrégé grec des Antiquités qui paraît dater du Xe siècle. L'annaliste du peuple élu, le « Tite Live grec », comme l'appelait saint Jérôme, était si bien l'historien par excellence que sa renommée finit par retentir jusque chez ses anciens coreligionnaires : au Xe siècle une chronique légendaire de l'histoire israélite jusqu'à Titus se recommande de son nom : c'est le Josippon, rédigé en hébreu par un juif d'Italie. Avec la Renaissance on revint au texte inté­gral et de nombreuses traductions le popularisèrent dans toutes les langues modernes.

Il fut un temps où toute famille un peu lettrée possédait sur les rayons de son armoire à livres, à côté d'une Bible, un gros Josèphe in-folio, agrémenté de nombreuses vignettes où se déroulait toute l'histoire du peuple saint depuis l'expulsion d'Adam et d'Ève jusqu'à l'incendie du Temple par les soldats de Titus. De nos jours, sauf les savants, on lit beaucoup moins Josèphe ; la substance de ses écrits a passé dans des ouvrages modernes facilement accessibles, la source est négligée et c'est un tort. Il serait trop long de rechercher toutes les causes de ce discrédit, mais l'une des plus importantes en notre pays c'est assurément l'absence d'une traduction française satisfaisante. Sans parler des in­formes tentatives du XVe et du XVIe siècles[1], il existe dans

  1. Traduction complète, par Antoine de La Faye (Paris, 1597). Traductions des Antiquités par Guillaume Michel (1539), François Bourgoing (Lyon, 1562), Jean Le Frère de Laval (1569), Gilbert Genebrard (1578, souvent réimprimée) ; de la Guerre par des anonymes (Paris, Vérard, 1492, et Leber, 1530), par Herberay des Essars (1553).