peut nourrir en France pour le Canada n’y fut pour rien. Même avec ses faiblesses « Bonheur d’occasion » vaut certainement, s’il ne les dépasse, certains autres prix de l’immédiate après-guerre et, tout principalement, un ou deux Goncourt dans lesquels le thème « résistance » a beaucoup plus influencé le jury que la valeur littéraire. Gabrielle Roy a véritablement fait œuvre personnelle ; elle a ouvert, dans les lettres canadiennes, des voies nouvelles en abordant franchement un des multiples aspects du problème social, qu’un puritanisme de mauvais aloi empêchait de regarder en face ; elle a osé placer dans un roman une jeune fille à qui l’on fait un enfant en offrant comme solution autre chose que l’adoption par des étrangers. Ce n’est pas encore le roman de la fille-mère qui veut conquérir son droit de cité, mais le rappel à une société pudibonde et hypocrite que le Christ n’a jamais voulu jeter la pierre à la malheureuse pécheresse.
Gabrielle Roy campe des types de chez nous, mais qui, tout comme ceux de Germaine Guèvremont, sont avant tout des êtres humains. Florentine Lacasse, Rose-Anna, Amarius, Jean Lévesque, sont des êtres qui, même superficiellement différents, existent à Québec, à Toronto, à New-York, à Paris, à Londres, à Rome, partout en un