langue qui n’aurait plus aucun droit à l’existence, au Canada, si elle cessait d’être française. Elle doit à tout prix garder sa pureté et aussi sa saveur qu’une Germaine Guèvremont sut si bien mettre en valeur sans lui enlever son caractère essentiellement français ; il ne faut surtout pas qu’elle se renie au nom de je ne sais quels faux principes qui ne servent qu’à camoufler une paresse intellectuelle qui ne veut pas s’avouer.
Après « Les Demi-Civilisés », la liberté de l’individu comme telle a cessé de servir de thème à notre roman ; nos écrivains ont préféré celui de l’inégalité sociale où ils nous montrent l’envers du décor que présentent les pontifes officiels quand ils dépeignent le Canada comme un pays de cocagne. Si notre continent n’a pas été touché au même degré que l’Europe et si, pour cela, il n’a pas été englouti dans le même abîme de désespérance, il n’en est pas moins aux prises avec ses problèmes sociaux. Il faut peut-être voir dans cette différence de conditions, la raison du peu de prise chez nous des modes littéraires de 1945-1947. Certains pourront peut-être dire que nous nous sommes posé des problèmes à notre échelle, qui est petite, et que nous avons manqué de vision dans notre optique des êtres et des choses. Est-ce si sûr que cela ? Il serait prétentieux d’affirmer que nos ro-