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ROMANS DE MŒURS ET ROMANS SOCIAUX

delà des visages » de Giroux, on décèle une tentative pour démêler ce que nous pourrions appeler le complexe clérical et le complexe politique du Canadien français moyen. Sa religion, son catholicisme sont essentiellement sien et sienne, aussi, sa manière de comprendre et de faire de la politique. Lemelin et Thériault mettent le doigt sur la plaie ; ils le font sans doute en se riant, mais ils n’en pénètrent pas moins au cœur du problème ; Charlotte Savary aussi, dans « Isabelle de Fréneuse », étale avec une férocité que d’aucuns considèrent excessive, une corruption qui, sans atteindre l’ampleur qu’elle paraît vouloir lui donner, n’en existe pas moins à l’état endémique.

Ces romanciers ont vu que toute notre vie a été édifiée sur un malentendu : celui de croire que les Français du Canada pouvaient s’accommoder, sans en être marqués, d’institutions étrangères et les assimiler ; ce sont elles qui nous ont plutôt assimilés en faisant de nous, politiquement parlant, des Britanniques. Notre Code civil français lui-même en est maintenant imprégné, surtout dans sa rédaction, farcie de locutions anglaises mal traduites, de barbarismes, voire de solécismes. Les « institutions britanniques » sont devenues l’article premier du Credo politique des hommes d’État canadiens avec tout ce que cela implique ; il