le souci de la correction à laquelle il ira jusqu’à sacrifier sa fantaisie.
Notre régionalisme historique n’a pas inspiré d’œuvres vraiment remarquables, même si on y inclut « Les Habits rouges » de Robert de Roquebrune, bon roman sur la révolte des patriotes de 1837, mais auquel manque le souffle de grandeur dont devaient être animés des hommes luttant pour la patrie dans l’acception la plus complète et la plus charnelle du terme. Il y a trop de conventionnalisme dans ses personnages, que ce soit Papineau, Nelson, Henriette de Thavenet et aussi Gosford, Lilian Colborne ou le lieutenant Fenwick ; on dirait que l’auteur veut recomposer l’histoire pour la faire servir à une thèse ; de Roquebrune est bien plus lui-même dans ce délicieux volume que sont « Souvenirs de mon enfance » que l’on ne peut, cependant, inscrire avec les romans. Il y eut aussi parmi les romans historiques « Le Moulin du Crochet » de Louis-Georges Lapointe, œuvre assez savamment construite où l’auteur, dont c’est le premier volume, montre déjà un solide métier ; mais ses mérites se limitent là ; on signalera aussi « Martine Juillet » de Pierre Benoît qui n’arrive pas davantage à s’imposer avec ce récit romancé de l’époque héroïque de la colonisation de Montréal.