dans une langue unique, a donné, avec « Le Désert des lacs », un roman que l’on peut rattacher à ce genre ; mais l’extravagance de sa langue déroute complètement le lecteur ; elle pose, en somme, le principe du droit à l’existence, au Canada, d’une langue qui, en fin de compte, ne pourrait être qu’un dialecte local, farci d’anglicisme ou plus exactement de termes anglais passés dans notre langue parlée, mais écrits et prononcés à la française.
Hervé Biron, dans des romans de la même veine, s’affirme cependant comme un écrivain français plein de nuances. Rompant, lui aussi, de façon définitive avec le régionalisme stagnant, il use d’une langue précise et riche à la fois pour raconter, dans « Poudre d’Or », la folle équipée d’hommes, qui, fixés au sol depuis des générations, sont repris par le démon de l’aventure de leurs lointains ancêtres. Son livre, plein d’atmosphère, a recréé admirablement ce climat de fièvre dans lequel ont vécu les chercheurs d’or de la fin du xixe siècle ; il a eu en France une édition qui fut rapidement épuisée. Dans un deuxième roman, « Nuages sur les brûlés », il a réussi un beau tableau de la colonisation des immenses régions du nord et de l’ouest québécois. Biron est un écrivain consciencieux, qui ne laisse rien au hasard et a