naud, maître-draveur » (1937) peut s’inscrire dans le catalogue des romans. Le grand reproche qu’on puisse lui faire, c’est d’avoir ressuscité la sentimentalité de « Maria Chapdelaine ». Il reprend Hémon aux dernières pages de son roman pour broder à nouveau sur ce thème en nous remettant en scène des hommes encore et toujours sur la défensive. Il me semble qu’il y a assez longtemps que nous survivons pour bien affirmer enfin notre droit à la vie ; et vivre, c’est plus que se cantonner dans une attitude de refus d’avancer, une attitude toujours et sans cesse négative. Ces réserves n’enlèvent rien, cependant, à la grande beauté de ce livre qui, comme toutes les œuvres de Mgr Savard, est avant tout un magnifique poème à la gloire de la terre laurentienne ; il s’est imposé, dès ce volume, comme le peintre par excellence de nos vastes espaces et de nos horizons illimités. Avec « Menaud » il pénétrait dans un monde nouveau, celui des « draveurs », métier bien canadien, puisqu’il en a fallu inventer le mot, et qui se rattache, comme les guides de Vac et Bernard, à l’immortelle tradition de nos aventuriers de jadis.
Il est regrettable que si peu d’écrivains se soient laissés séduire par cette veine d’inspiration. Jacques Sauriol, en un style bien personnel et