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LIBÉRATION DU ROMAN PAYSAN

à soixante ans, le père Didace ; mais l’analogie s’arrête là. Thériault ne ressemble à aucun de nos écrivains du terroir. Les personnages de Germaine Guèvremont, nous l’avons déjà souligné, sont d’ici ; et son mérite est précisément d’avoir su les élever à l’échelle universelle sans les sortir de leur cadre. Je ne reproche pas cependant à Thériault, que l’on me comprenne bien, de n’avoir pas écrit des romans nationaux dans le sens étroit du mot ; seulement, n’ayant pas placé ses personnages dans un décor particulier, il lui fut plus facile de les modeler à sa convenance ; ce dernier procédé présente moins d’embûches, car il devient plus difficile au lecteur de vérifier la véracité physique et mentale des hommes et des femmes mis en scène, la réalité de leur comportement, la justesse de leurs réactions, en un mot, leur parfaite vraisemblance.

Dans ses deux premiers romans, « La Fille laide » et « Le dompteur d’ours », Thériault monte en épingle la rivalité entre le peuple de la montagne et celui de la plaine, thème cher à Ramuz ; ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il en ait forcément copié la formule, comme certains l’ont prétendu. Qu’il y ait certaine analogie entre Thériault et le grand écrivain suisse et aussi avec Giono, on peut le soutenir ; mais cette analogie n’est