chose comme une Madame Bovary qui s’ignorerait ; sans cependant atteindre la forte personnalité de l’héroïne de Flaubert, cette femme devient assez vite attachante. La seconde vie qu’elle a choisie en suivant dans la forêt un trappeur qui l’observe depuis six à sept ans, elle paraît l’avoir abordée sans remords ; que déjà au village, on la désigne sous le terme méprisant de « la Genest », peu lui chaut. Son amour est plus fort que son amour-propre et rien paraît n’avoir de prise sur elle… jusqu’au jour où elle apprendra que c’est dans son fils, qu’il a retiré du collège pour l’installer avec lui au magasin, que son mari veut la frapper. Le remords que la femme et l’amoureuse n’ont pas connu, la mère commence à l’éprouver. Il la ramènera au village, malgré tout l’amer souvenir qu’elle en a gardé ; son mari la rejettera pour s’acharner davantage sur ce fils à travers lequel il sait le plus terriblement et le plus profondément l’atteindre.
Dans ce roman de la forêt, Bertrand Vac a évité l’écueil régionaliste ; il a réussi, avec assez de bonheur, à pénétrer au cœur du drame qu’il développe avec ampleur sans tomber dans l’affectation ou l’artificiel. Il atteint même un certain degré de grandeur dans son analyse du désespoir : le lecteur se retrouve dans une atmosphère sombre