équilibré, solide, fidèle dans la description et les tableaux qui font la terre attirante et vivante, vrai dans les personnages qu’elle ne veut parer d’aucun artifice. Elle est surtout parvenue à se libérer des influences par trop envahissantes : « Maria Chapdelaine » ne l’a nullement marquée. Tout au contraire, on dirait qu’elle a voulu réagir contre cette espèce de torpeur que dégage le climat du livre de Louis Hémon, ce faux sentimentalisme qui s’acharne à grouper tout un peuple autour des tombeaux, autour d’une idée de fixation dans le temps et l’espace ; autour même d’une idée de régression, axée sur le prétexte d’un avenir pour lui semé d’embûches qu’on invoque pour lui faire obstinément fixer les yeux sur le passé.
Si écrire un roman c’est avant tout faire œuvre humaine, Madame Guèvremont est une grande romancière. Ses romans se rapprochent autant sinon plus du genre psychologique que du genre paysan, même si la psychologie ne s’y étale pas à pleines pages ; ce ne sont pas des œuvres où les personnages se torturent et se posent des problèmes qu’ils sont les seuls à voir sous l’aspect où ils les envisagent ; c’est une analyse de la vie non dans ses exceptions, mais dans sa réalité de tous les jours. On ne peut donc se contenter de les rattacher au genre terrien ou paysan, pas plus