vie même, plus que leur vie puisqu’ils veulent en voir la perpétuation bien au delà de leur génération.
Ces êtres sont naturels, sans fard aucun. Le père Didace n’aime pas l’« Acayenne », mais ses soixante ans sont attirés par la forte sensualité qui se dégage d’elle et que la romancière ne cherche pas à mettre en veilleuse. Dans quelle mesure aussi, cette femme est-elle liée au Survenant ? Il n’est pas nécessaire que l’auteur nous le dise, pas plus qu’il n’a besoin de nous révéler ce qu’elle fut pour lui : une maîtresse qu’il veut caser avant de reprendre sa marche de Juif errant ou bien, tout simplement, la femme qui, pense-t-il, tout en satisfaisant les sens du vieillard, pourra le remplacer à la ferme où Amable et Alphonsine ne sont décidément pas à la hauteur.
Madame Guèvremont meut ses personnages sur l’écran de la vie avec ses lumières et ses ombres ; elle ne les juge pas et n’y mêle aucun thème moralisateur ou prédicant pour les excuser ou les justifier. Ils sont ainsi et il faut les prendre tels qu’ils sont. Si l’on veut à tout prix découvrir, selon la formule conventionnelle, le message d’écrivain de Germaine Guèvremont, on le trouvera à travers toute son œuvre. Sans être éclatant, il est là ; il se trouve tout entier dans son récit simple,