GERMAINE GUÈVREMONT
« Le Survenant » et « Marie-Didace » sont de cette veine-là. Déjà « En pleine terre » annonce « Le Survenant » : la noce d’Alphonsine et d’Amable, dans son récit simple mais combien coloré, sobre et à la fois vivant, révèle un écrivain de métier ; un écrivain dont on entrevoit aussi les ressources d’une langue riche et chaude, déjà maître de son style et de ses moyens. Germaine Guèvremont a saisi toute la beauté de la terre, compris cet amour que lui voue, partout, la race paysanne : race équilibrée, toujours égale à elle-même, sans artifice aucun, qui sait être grande sans cesser d’être simple et connaître la joie sans exubérance comme la peine sans ostentation. Dans le paysan canadien, Germaine Guèvremont a peint elle aussi tous les paysans du monde.
Elle se contente aussi d’être romancière, sans plus, sans se laisser distraire par les contingences extérieures qui en alourdissent plutôt la technique et la trame : pas de détours, pas de circonvolutions dans la description des passions animant ses personnages qui, le Survenant excepté errant de nulle part et de partout, sont de chez nous ; tous sont d’abord des hommes et des femmes, avec leurs soucis et la part de joies et de souffrances