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LIBÉRATION DU ROMAN PAYSAN

mots purement livresques, justes sans aucun doute, mais qui donnent parfois l’impression d’un usage immodéré du dictionnaire : d’où cette forme un peu guindée à laquelle il faut imputer sa froideur de style. Ces défauts ne sont pas assez grands, cependant, pour cacher les ressources innombrables qu’il possède et dont il a su se servir à point pour donner à l’ensemble de son œuvre une allure qui ne manque ni d’élégance ni de beauté. Il a su exploiter à fond ses qualités de peintre qui ne se démentent jamais et le placent au premier rang de nos romanciers descriptifs.

Mais « L’Ampoule d’or » révèle un Desrosiers qui risque de confondre la critique qui se contenterait de le juger sans retour sur ses premiers romans. Il faut situer à part « L’Ampoule d’or », rempli d’un mysticisme ardent, de poésie et de chaleur aussi. Il affiche ici de nouvelles qualités de peintre, aux couleurs vives, des rives et de la mer gaspésiennes tout en se révélant aussi un peintre d’âmes. « L’Ampoule d’or » est avant tout l’histoire d’une âme d’élite comme il en existe, mais à côté de laquelle passe, sans la voir, notre monde surtout soucieux de terre à terre. Cette petite Gaspésienne, passionnée, toute d’une pièce, est humaine dans sa faiblesse en face de l’amour qu’elle voue à un marin de passage, dont elle ne