pleur qu’on espère toujours leur voir atteindre. On trouve les mêmes faiblesses dans « Sources » ; il n’y renouvelle pas sa manière, mais il y dégage mieux les horizons et ses personnages sont mieux charpentés ; on y sent un souffle nouveau qui rafraîchit le roman ; la thèse, surtout, se fait plus discrète. Le romancier voit encore dans la terre canadienne l’héritage par excellence que l’on ne peut laisser en friche sans trahir ; mais c’est sous un angle moins régional ; on saisit une certaine anxiété d’élever les problèmes locaux au plan universel, doublée d’une part de réalisme qui donne plus de consistance à l’œuvre. Desrosiers marque la période transitoire entre la mièvrerie, la grande misère des romans paysans qui l’ont précédé et le sommet qu’atteindra Germaine Guèvremont. Il a, lui aussi, abordé un aspect du problème social quand dans « Nord-Sud », il relate la triste odyssée des nôtres aux États-Unis. Mais son principal mérite demeure celui d’avoir amélioré la forme de notre roman, même si on peut reprocher à ses premières œuvres une froideur réellement excessive ; cela est peut-être le résultat de son souci de correction et de perfection de la langue ; cette langue ne manque pas de richesse non plus ; mais on a parfois l’impression d’une richesse de nouveau riche : il abuse des
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LIBÉRATION DU ROMAN PAYSAN