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NOS PREMIERS ROMANS

L’Écuyer d’écrire un roman qui n’avait de canadien que le nom) et le filtrage soigné des influences étrangères permettent d’expliquer, sans le justifier, l’engouement pour le roman paysan qui allait devenir, pendant si longtemps, la seule manifestation française du roman au Canada et son retard à s’imposer à l’étranger où, en 1954, on commence à peine à le connaître.

Le succès, hors de proportion, à l’extérieur du Canada, de « Maria Chapdelaine » qui confirmait, en France, la légende des arpents de neige de M. de Voltaire, allait à son tour aider à consacrer ici le règne d’un type unique que l’on exploitera jusqu’à la corde : « Au pays de Québec, rien ne doit changer » : ce mot d’ordre fut pris à la lettre et, pendant trente autres années, « Maria Chapdelaine » fit que rien ne changea ; ce roman éclipsa tout ; il donnait le ton et nos auteurs paraissaient vouloir montrer qu’ils pouvaient, sur ce thème, faire aussi bien que ce Français qui avait réussi un si beau roman « national », selon les principes immuables de notre monde littéraire. Comme des collégiens à qui l’on soumettait une composition type, nos romanciers ne pensaient plus qu’à égaler, sinon dépasser ce modèle. Ce fut la floraison de plaidoyers larmoyants où la thèse, le plus souvent trop évidente aux dépens de l’inté-