Ces premiers romans furent surtout des récits pleins d’imprévu, le développement pittoresque de légendes, de relations historiques mêlées d’études sur les mœurs indiennes, romans, en un mot, quelque peu disparates d’où n’étaient exclus, cependant, ni qualités littéraires ni bon goût. On pourrait citer plusieurs dizaines de titres de cette première époque : « La fille du brigand » d’Eugène L’Écuyer, roman d’aventures un peu fantasque, auquel Lareau, dans son « Histoire de la littérature canadienne » fait grief de « n’avoir de canadien que le nom de son auteur et l’endroit où les événements se développent ». Lareau traduit là, soit dit en passant, la mentalité malheureuse des pontifes littéraires du xixe siècle et du commencement du xxe, qui voyait un défaut dans ce qui est une qualité essentielle de l’œuvre d’art ; leur refus de regarder à l’extérieur et leur persistance à s’élever contre toute tentative d’aération littéraire empêchera le Canada français d’inscrire plus tôt sa littérature sur le plan universel. On signalera encore, parmi les romans de cette première époque : « Caroline » d’Amédée Papineau ; « Emma » ou « L’amour malheureux » de Tessier ; « La fiancée de 1812 » de Joseph Doutre ; « Françoise Brunon » de Dupont ; « Jean Rivard » de Gérin-Lajoie, roman touffu mais qu’on