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NOS PREMIERS ROMANS


Tout aurait dû préparer les premiers romanciers canadiens à recréer le climat de résistance des lendemains du Traité de Paris. À cette époque d’avenir incertain pour lui, le peuple canadien-français, dans un sentiment sans doute irréfléchi de défense, avait réussi, en se fixant au sol et en s’y arc-boutant, à tenir l’occupant en haleine, à le laisser s’user les dents, pour, finalement, l’amener à baisser pavillon. Mais quand, plus tard, on évoquera notre paysannerie, à laquelle le Canada français devait son existence, on nous offrira d’abord des romans sans consistance, pieusards et faussement patriotiques. Il aurait mieux valu continuer à exploiter la veine d’aventure qui inspira nos tout premiers romanciers dont les œuvres, sans être de premier plan, présentaient quand même un aspect moins étriqué que celles qui suivront ; on y retrouvait, au moins, la nostalgie des grands espaces qu’avaient sillonné les ancêtres de la grande époque française.