Page:O'Leary - Le roman canadien-français, 1954.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
ESQUISSE HISTORIQUE

pût être sa source d’inspiration, rendait davantage service à la culture française d’Amérique que les couplets patriotards dont on avait été affligé jusque là.

On eut encore quelques poètes dignes de mention entre Nelligan et Saint-Denys Garneau, Alain Grandbois et Anne Hébert. Charles Gill avait de l’étoffe et c’est avec plaisir qu’on lit son « Cap Éternité » ; Albert Lozeau cisela de beaux vers et sut varier sa formule ; René Chopin, Doucet, Venne, Dreux, Édouard et Jean Chauvin, Jean Nolin ont tous taquiné la muse et quelques-uns avec un certain talent ; Robert Choquette, qui vient de rompre son grand silence poétique avec la parution de cette « Suite Marine », depuis si longtemps annoncée ; Roger Brien, poète touffu, trop prolifique peut-être, sut prendre lui aussi de belles envolées ; Alfred Desrochers a révélé dans « À l’ombre d’Orford » un métier sûr au service d’un talent soutenu ; Jean-Aubert Loranger, confrère de salle de rédaction, qui publia peu et dont l’enthousiasme pour Claudel se doublait, si surprenant que cela soit, d’admiration pour Valéry, composa de très belles pièces qu’il lisait aux intimes. Et on en oublie ! Plusieurs femmes se sont également laissées séduire par la muse et se sont révélées d’exquises et parfois de bonnes poétesses : Blanche