tantes. Elle est responsable de la pauvreté de notre production littéraire de 1880 à 1930. Si au moins, elle eût donné au Canada cette indépendance, que l’on attend encore, au lieu de ce statut équivoque qui est toujours le sien. On admettra, cependant, que vers 1885, la politique pouvait être attrayante ; on se battait tout de même pour des principes ; la fin du xixe siècle vit les grands combats autour de Riel, le vaste mouvement de Mercier, que la trahison d’un Chapleau n’aurait pu annihiler si Laurier fut demeuré fidèle au libéralisme qu’il définissait à Québec dans un discours mémorable et encore cité de nos jours ; ce libéralisme qui s’affirmait comme le parti de l’émancipation, sinon de l’indépendance et de la République. Contre la réaction, de vrais libéraux dressaient l’étendard de la liberté politique et de la liberté économique ; les cercles de jeunes libéraux, en effet, discutaient librement de l’instauration d’une république démocratique et indépendante, sans passer pour traîtres à leur pays ; Mercier, fils, parlait de faire sauter la colonne Nelson et le futur sénateur Dandurand qui, sous l’étiquette libérale deviendra l’incarnation type du conservatisme, criait sur le passage du prétendant au trône de France : « Vive la République, monsieur ! » Un véritable vent de fronde soufflait sur
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ESQUISSE HISTORIQUE