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ESQUISSE HISTORIQUE

la nation étaient en opposition active à l’autocratie coloniale qui ne désarmait pas. Dans son « Histoire de la littérature canadienne-française », Berthelot Brunet dit que « si Bibeau fut, en histoire, un précurseur,… il le fut aussi des nombreux politiques qui, depuis la Confédération, reprennent en refrain la louange aux institutions britanniques… »

Quant à Garneau, il voulut d’abord répondre à ceux qui affirmaient que le peuple canadien-français n’avait pas d’histoire ; d’où sa préoccupation, patente dans sa première édition, de réfuter cette assertion, particulièrement mise en évidence dans le rapport du hautain Durham. Garneau se laisse parfois entraîner à la polémique, ce qui n’enlève rien à l’impartialité de son œuvre même. On lui a aussi reproché bien d’autres choses : des idées libérales, une mentalité voltairienne, la marque de Michelet, influences conjuguées qui l’auraient fait verser dans l’irréligion ; son histoire serait imprégnée d’une inimitié latente contre l’Église, etc., etc. C’est tout simplement chercher à couper les cheveux en quatre ; dès sa première édition, Garneau a écrit une histoire sincère, fortement documentée qui, malgré des défauts réels ou imaginaires, marque un jalon dans notre littérature. Avec le genre historique, réellement créé par Garneau, cette littérature s’af-