avoir, cependant, l’ampleur qu’elle connut en Amérique latine, qu’elle libéra du joug espagnol, cette passion de liberté se décèle tout de même à la longue dans nos lettres. Le ton des discours et articles en est imprégné : un Papineau porte certainement la marque des révolutionnaires de 1793 et dans les « Quatre-vingt-douze Résolutions », on perçoit le reflet de la terminologie révolutionnaire. Chacun a encore à la mémoire la réplique d’un Chénier à ceux de ses partisans lui demandant un fusil : « Attendez ; des patriotes vont se faire tuer ; vous prendrez les leurs ». Mot digne de ceux des grands Ancêtres !
De la polémique, la littérature française du Canada passa tout naturellement et normalement à l’histoire. « L’Histoire du Canada » de Garneau en est la première manifestation importante. Avant elle, on avait eu celle de Michel Bibeau et, aussi, une « Histoire générale du Canada » de Jacques Labrie, dont une partie du manuscrit fut brûlée en 1837 avec le village de Saint-Eustache, dans la sanglante et brutale répression de l’incendiaire Colborne contre les Canadiens français. Elle est d’un intérêt plutôt anecdotique ; quant à celle de Bibeau, elle se caractérise par son anglophilie : une anglophilie apparemment sincère, mais étonnante à une époque où toutes les forces vives de